Châto n’est toujours pas facho !
Alors que des groupuscules néo-nazis des Pays de la Loire et de Bretagne prévoyaient de se rassembler à Châteaubriant – avant une interdiction de la Préfecture – avec Réveillons la Résistance, des syndicats, des associations, des collectifs et des citoyen·nes, nous nous sommes rassemblé·es le 14 juin 2025 pour dire « Châto n’est toujours pas facho ! ». Les campagnes ne sont pas le terrain de jeu de l’extrême droite en toute genre.
Retrouvez ma prise de parole et celle de Réveillons la Résistance :
Merci d’être là, pour faire du devoir de mémoire notre devoir collectif d’engagement. Parce que le devoir de mémoire, on y fait beaucoup référence, à toutes les cérémonies, mais une fois les micros coupés, une fois les écharpes et les drapeaux rangés, qu’en fait-on ? Churchill disait qu’« un peuple qui ne connaît pas son passé se condamne à le revivre ». Ici nous connaissons notre passé, à Châteaubriant, à Juigné-des-Moutiers, au maquis de Saffré, dans la forêt de Teillay, à Sion-les-Mines… Ici nous n’oublions pas que nous avons déjà essayé l’extrême droite. Pendant de sombres années, elle avait pour nom la collaboration. Notre territoire a connu la brutalité et la sauvagerie nazie. Bien des familles s’en souviennent. Peut-être que certains voudraient effacer la honte de notre histoire. Nous, nous n’oublions pas.
Et aujourd’hui je voudrais dire avec fermeté que la montée de l’extrême droite en France aujourd’hui constitue un immense danger pour la démocratie. Je vois, j’entends tous les jours les arguments d’un projet antisocial, liberticide, écocide et raciste dans la bouche des députés du Rassemblement National. Qui plus nombreux que jamais, portent l’opportunisme électoral et le mensonge à leur paroxysme. Qui sont du côté des plus forts, des plus riches. Et qui sont arrivés là parce qu’ils ont été légitimés par des discours complaisants ou complices.
Je lis en ce moment un livre « Les irresponsables », qui explique qui a porté Hitler au pouvoir. Johann Chapoutot y écrit qu’ « une petite oligarchie désinvolte, égoïste et bornée a fait le choix, le calcul et le pari de l’assassinat d’une démocratie : des libéraux autoritaires qui ont froidement décidé que la seule voie rationnelle et raisonnable, pour se maintenir au pouvoir et éviter toute victoire de la gauche, était l’alliance avec les nazis. » Remplacez nazis par Rassemblement National, les années 30 par les années 20 du siècle suivant, l’Allemagne par la France et voilà aussi pourquoi nous sommes réunis à Châteaubriant.
Ils sont parvenus avec la complicité des médias et la lâcheté des politiques à faire oublier à leurs électeurs et à leurs électrices que l’extrême droite n’est pas une offre politique parmi d’autres, que c’est une idéologie redoutable qui se cache derrière les traits polissés de Jordan Bardella et des formules simplistes. Ils sont arrivés presque au sommet et cela a décomplexé beaucoup de monde. Celles et ceux qui s’autorisent ouvertement à tenir des propos haineux ou racistes, d’autres qui se sont mis à menacer ou à tuer en raison de la couleur de peau.
Et ce mouvement qui s’inscrit dans une internationale fasciste, de Musk à Orban, de Meloni à Le Pen, entraîne dans son sillage – ou s’appuie à sa base – sur des nostalgiques des slogans du IIIe Reich, d’Hitler, qui défilent dans les rues de nos villes en arborant les symboles et en faisant le salut nazis. À Paris, à Lyon, ou à Rennes, à Angers avec des opérations violentes et ciblées pour semer la terreur. Ceux-là même, ceux-là même qui voulaient faire la fête chez nous, sachez que ce n’est qu’une face d’un seul et même mouvement. La face la plus abjecte, la plus violente, la face purulente de l’extrême droite de 2025.
La France ne sera plus une démocratie si la clique de Le Pen arrive au pouvoir. Pourtant aujourd’hui le pire peut advenir. Si nous ne sommes pas là pour résister, pour combattre les suprémacistes et les partisans d’un régime autoritaire. Si nous ne sommes pas là pour faire front, pour évoquer la mémoire.
Je le disais, la mémoire de tous ces résistants qui chez nous ont pris le chemin de l’honneur, qui parfois est devenu le chemin de l’horreur. À la carrière de la Sablière, à la Bouvardière les résistants, les maquisards sont morts debout, en regardant leurs bourreaux, en chantant La Marseillaise.
Nous ne laisserons pas les néonazis et l’ultra-droite faire de nos chemins ceux de la honte, nous serons dignes comme ils nous l’ont demandé des jeunes si courageux du siècle dernier.
Je termine avec ces mots très simples d’Emile Lainé, un forgeron de Notre-Dame des Langueurs qui avait écrit en hommage des victimes de l’attaque du Maquis de Saffré :
« Ils étaient venus là dans une belle insouciance
Plus plein de courage que riches d’expérience
Un souffle était passé et tous, remplis d’ardeur
Se levèrent sitôt contre l’envahisseur »
Merci de vous lever, avec ardeur, avec courage. Engageons-nous ici, aujourd’hui, demain, soyons sur le terrain des idées et des combats pour empêcher l’extrême droite de parader, de s’installer et de prospérer.
L’espoir c’est nous, l’engagement c’est nous, l’avenir et la vie, c’est nous. Merci à vous pour qu’ici la Résistance ne faiblisse pas.