Communiqué de presse : Réforme du lycée professionnel

Posté le 04 mai 2023
Réforme du lycée professionnel “Tout travail mérite salaire” : quand le président Macron veut faire des élèves des lycées pro, des sous-salarié·e·s Longtemps considéré comme l’école de la seconde chance, avant de devenir la variable d’ajustement de l’enseignement secondaire, le lycée professionnel est subitement devenu l’un des chantiers prioritaires du président Macron. Après une pseudo concertation avec les acteurs concernés, quelques faux départs, et après avoir repris la main, il présentait aujourd’hui “sa réforme” dans les grands traits. Une “cause nationale”, selon ses propres mots qu’il rapproche bien intentionnellement de sa préoccupation principale, ou mantra : la valeur travail. “Tout travail mérite salaire”, annonçait le Président hier soir en prémisse de son déplacement et l’a à nouveau martelé ce matin en marge de ses annonces. Une logique qu’il applique donc à travers différentes mesures touchant en premier lieu les enseignant·e·s. Des revalorisations salariales pour les professeurs, qu’il.elle.s s’engagent ou non dans de nouvelles missions portées par la réforme. Et c’est à saluer, même si les nouvelles missions n’ont pas manqué ces dernières années. A cette annonce s’ajoute celle touchant cette fois les élèves ; annonce qui cache bien mal la volonté de pousser vite et fort vers le monde du travail tout un pan de notre Education nationale. Salarier les élèves pour les périodes de stage : LA fausse bonne idée. En annonçant vouloir redorer le blason du lycée pro avec la mise en place des gratifications aux élèves sur les périodes de stages (12 semaines par an), le président de la République fait fausse route, car d’élèves en formation, il les transforme en salarié·e·s au bon vouloir de l’entreprise. Des gratifications en forme de miroir aux alouettes, tant pour les élèves que pour leurs familles offrant sur un plateau, puisqu’entièrement prises en charge par l’Etat, de la main d'œuvre à bas coût. Tout a un coût et rien ne se fait sans contrepartie N’oublions pas, pour Emmanuel Macron, tout est voué à contreparties. Nous voyons déjà ce qu’il souhaite faire avec le RSA et France Travail. Pour les élèves des lycées pro, ne soyons pas dupes, ce n’est pas par pur esprit de générosité que le Président Macron entend mettre en place ces gratifications, d’autant que les chiffres annoncés remettent en question le statut protecteur des stagiaires qui garantit au moins 4,05 euros/heure, soit la moitié du SMIC. Une mesure qui abaisse considérablement le montant, entre 1,43 et 2,86 euros/heure pour les élèves. Dévaloriser le cadre de stagiaire et aller à l’encontre même de la finalité pour laquelle elle a été prise, voilà le risque d’une telle mesure. 1 milliard d’euros pour se déresponsabiliser N’en déplaise au président de la République, l’argent ne solutionne pas tout. Quand la majorité présidentielle n’a de cesse de nous servir sa logorrhée sur le service public de la santé, rappelant que jamais autant d’argent n’a été autant investi, on en voit le résultat. Non ce milliard d’euros ne résoudra pas tous les problèmes, ni celui des métiers en tension, ni celui de la voie professionnelle et de sa qualité à reconquérir. Les élèves et leurs familles seront sans doute heureux de l’aubaine de la gratification, mais pour le choix d’un avenir, l’insertion et la valeur du travail, il en ira autrement… La représentation nationale tenue à l’écart de la réforme A nouveau le président prévoit de faire passer une réforme par la fenêtre. En privant le parlement du rôle qui est le sien, il ne lui permettra ni de voter la loi ni d’en enrichir le contenu. « Tout ne doit pas passer par le vote », mais presque rien ne passe par le vote depuis des mois.
Réformer le lycée pro, oui, l’ubériser, non ! Les élèves de la voie professionnelle ont le droit à une vraie formation, à une vraie orientation, à un bagage de citoyen•ne digne de ce nom, pas à une forme d’apprentissage au rabais et bien loin des objectifs d’émancipation propres à la formation initiale.