Lettre ouverte : « Ne vous trompez pas de cible »

Posté le 01 octobre 2025

À Paris, le 30 septembre 2025

Ce courrier part de la réponse que j’ai adressée à un habitant de la circonscription, qui m’avait envoyé avec une lettre sa carte d’électeur, à qui j’ai dit qu’il se trompait de cible… Mais comme cette petite musique des parlementaires (déconnecté⸱es, privilégié⸱es, inutiles…) qui seraient le problème monte dans l’opinion, voilà ce que je tenais à exprimer. 

À celles et ceux qui pensent que vos élu⸱es se la coulent douce pendant que les citoyen⸱nes se serrent la ceinture,

Je suis d’accord sur un fait : des millions de citoyen⸱nes souffrent ou agonisent dans cette société. C’est précisément pour cette raison que le sens de l’intérêt général, de la justice sociale et fiscale font partie des boussoles de mon mandat. J’ai été élu pour défendre et représenter ces valeurs et je ne pense jamais les avoir piétinées. 

Oui, certaines personnalités politiques n’utilisent pas leur responsabilité à bon escient. Ils précarisent, excluent, magouillent et trichent. Mais d’autres, certes minoritaires, bien qu’en tête aux dernières élections législatives, les combattent dans le but de changer le quotidien des Français⸱es. 

Député⸱e est une fonction qui, lorsque nous l’exerçons correctement, prend beaucoup de temps. Que ce soit en circonscription, avec 62 communes et un agenda toujours rempli, ou à Paris, entre les commissions, délégations, réunions, vu l’heure à laquelle je finis les journées à l’Assemblée, je crains qu’on soit bien loin me concernant du cliché du politique qui se la coule douce, qui mène une existence luxueuse aux frais du contribuable. Je ne suis certainement pas à plaindre mais je ne suis pas non plus autre chose qu’un fonctionnaire en disponibilité qui n’a pas toujours dépendu de la politique pour vivre, loin de là. 

Parce qu’ils sont peut-être là les vrais profiteurs de l’État : dans les instances politiques depuis qu’ils sont en âge d’être élu, et bien au-delà de l’âge de la retraite. Laissant peu de place aux personnes issues des classes moyennes et populaires au Sénat et à l’Assemblée Nationale. Où sont les personnes qui connaissent la réalité des fins de mois, la conséquence d’une panne de voiture, la hantise de recevoir la facture d’électricité ? 

Ou à défaut : où sont celles qui écoutent et utilisent leur mandat pour défendre les intérêts de celles et ceux qui ont moins ? Force est de constater qu’ils ne siègent que d’un côté de l’hémicycle. En face d’autres qui n’ont connu que le confort et l’aisance et ne pensent qu’à défendre leurs intérêts et ceux des puissants ! 

Être élu⸱e ne devrait pas être une profession ou une carrière. C’est la raison pour laquelle je me suis toujours opposé au cumul des mandats rémunérés, face à la droite et l’extrême droite qui criaient scandale de peur de perdre leurs privilèges ! 

Pour autant, je ne souscris pas au dégagisme ambiant qui met tout le monde dans le même panier, excusant souvent au passage ceux qui se font prendre la main dans le sac… Si je vous écris cette lettre, c’est pour vous témoigner de propos que j’ai pu entendre sur le terrain ou lire ailleurs. Nous, élu⸱es, serions soi-disant tou⸱tes les mêmes, tou⸱tes des pourri⸱es. Plus préoccupé⸱es de notre confort que par la vie en circonscription. Cette vie, je continue de la partager, c’est toujours la mienne et les ors de la République ne m’ont pas fait tourner la tête ou changer de monde. 

Aux personnes dégoûtées de la politique politicienne, qui comptent abandonner les urnes, je ne veux surtout pas faire la morale. Je tiens juste à vous rappeler que nous ne sortirions pas indemnes du fait d’ « essayer » l’extrême-droite, j’en suis intimement convaincu, et que les personnes à qui profite le plus le système actuel iront voter. Sortir par le haut de cette situation nécessite de rester mobilisé⸱es. Et c’est parfois lassant, j’en conviens. Moi aussi ce système me désespère souvent. Mais j’ai décidé de mener le combat plutôt que d’abandonner. 

Alors à ceux et celles qui pensent que les élu⸱es se la coulent douce pendant que les citoyen⸱nes se serrent la ceinture : ne vous trompez pas de cible ou d’adversaire. Les vrais responsables de cette situation sont le Président de la République, ses amis et alliés, artisans du chaos dans lequel ils ont choisi de nous faire plonger. Ils abusent de leurs mandats pour mieux user nos vies et nos quotidiens. Mais ceux qui veulent que ça change sont là. Et c’est par les urnes que nous pourrons être encore plus nombreux et nombreuses à entretenir l’espoir. 

D’ici là, je continuerai de porter humblement mais fièrement mon echarpe d’élu pour défendre cette parole. Comptez sur moi.

Bien à vous, 

Jean-Claude Raux